La frontière aussi apporte son lot de conneries. Côté chinois, c’est beau, c’est propre, c’est pro. Un mec travaille et sept autres le regardent, visiblement ils s’emmerdent ici. Le passage du poste est une vraie scène : on a trop de prénoms sur nos passeports donc ça ne rentre pas dans l’ordinateur... Côté kazakh c’est amateur, plus rapide, et plus drôle ! « Passportte please ?! », BIM ! Tampon, « you can go ». Petit contrôle quand même, un grand KAZAKH s’approche et s’adresse à Arthur : « You, muslim ? » - « No » - « Christian ? » - « Yes » ; puis se tourne vers moi : « You ! Saddam Hussein ! »... Ça doit être la barbe.
Cette fois-ci le passage de la frontière se fait sans à priori. A peine rentré on aime déjà. Un militaire nous voit de loin. Le gars mesure 2m10 pour 130 kg et s’approche de nous surexcité la casquette relevée, nous emmène au self, puis nous met entre les mains un plateau, couteau, fourchette et repart en gueulant « KOURGOUCH, hiel Hitler » ... On explose de rire devant une telle scène. On n’a jamais réussi à savoir ce qu’il disait. On préfère retenir uniquement sa connerie comme l’annonce de ce que ce pays semble être : un vaste mélange pour un résultat bien fun !
Plus rien n’est pareil, le changement est radical. Pour la première fois du voyage, on entend le minaret. Les habitants semblent moins stressés et
savent prendre du temps et de la place pour vivre. Les maisons ne sont pas entassées et personne ne se bouscule, poser la tente ne devrait pas être un problème. De fait si, à chaque pays ses contraintes, ici le danger vient des camionneurs bourrés qui sortent le soir.
Mais plutôt que de dormir planqués dans un balcon c’est un kazakh sourd, muet et adorable qui nous accueille dans son jardin pour la nuit.
Prochaine étape : Almaty, ancienne capitale et poumon économique du pays. La route n’est pas top et les kazakhs sont encore plus dangereux sur les routes. Plus nerveux, ils adorent nous faires des queues de poissons et nous envoyer quelques noms d’oiseaux. Par contre, une fois le moteur éteint ces gens sont des crèmes !
En restant plantés sur la place du village, les curieux viennent nous voir et nous invitent chez eux très rapidement. « L’hospitalité c’est très important chez nous, ici au Kazakhstan, on vit tous ensemble et il n’y a pas de riches ou de pauvres, tout le monde s’entraide » nous explique notre hôte prof d’anglais. De bien belles paroles qui se vérifient assez facilement avec l’arrivée fracassante de son mari... une pépite de kazakh ! Il commence par une considération géopolitique : « c’est bizarre, en France vous êtes trois fois plus nombreux que nous sur un territoire 4 fois plus petit ! Pourquoi Napoléon n’a pas fait comme Gengis Khan et conquis plus de territoires ? » ; ça roule on lui fera passer le
message une fois en France. Plus pragmatique, il enchaine : « au Kazakhstan, le peuple est fait de 3 sangs : arabe, mongol et russe. Donc pour faire de beaux enfants il faut mélanger les sangs... vous ne voulez pas épouser une de mes filles ?! », il continue avec un léger sourire en se tournant vers Arthur « toi, t’es grand (et beau) tu restes ici pour épouser ma fille, Nicolas on s’en fout » ... J’ai compris : Arthur tu restes à l’intérieur, moi je vais dormir dehors !
Visiblement ces gens là savent vraiment vivre. Ils ont de l’humour et, détail important, ils savent manger. Dés le deuxième jour, nos vélos nous offrent la chance de gouter au typique Kazakh. Gojahmet est ouïghoure, camionneur en Asie centrale, vendeur de poulet et père de deux filles. Généreux comme un kazakh, il nous offre le repas, son histoire et celle de son peuple grâce à sa fille qui parle 5 langues. C’est chez lui qu’on en apprend un peu plus sur ce peuple. Un peu plus loin c’est un Ouzbèk qui nous offre des brochettes de kebab. Un vrai bonheur de retrouver ça après 8 mois de diète ; « Merci chef ! ». Du coup, comme on ne sait pas où loger ce soir on dormira dans son salon.
Entre deux villages, c’est de nouveau le désert coincé entre deux chaines de montagnes avec en prime la pire plaie du cycliste : le vent dans la gueule !
Arrivée à Almaty pour une très longue pause. Je dois faire un aller retour d’une semaine en France pour le mariage du frangin. Avec un tel temps d’attente on voudrait trouver le plan le moins cher. C’est à ce moment qu’entre scène : Dimitri !
J’ai complètement craqué sur mon temps de parole, je laisse le clavier pour le prochain à Arthur le magnifique !