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Une épopée désertique



Arrivés à Tachkent, capitale de l’Ouzbékistan, nous continuons avec sérieux et application notre dégustation des bières locales de chaque nouveau pays. Une fois cette activité culturelle remplie, nous nous rendons compte que nous n’avons pas assez de « som » et nous tentons de trouver un distributeur. Après avoir passé 3h à faire toute les banques de la ville, un couple de cycliste suisse nous dépannent généreusement en nous offrant de quoi payer notre nuit dans notre auberge de jeunesse. Continuez à penser à nous, ça marche...


Sur la route vers Samarcande, nous faisons la rencontre de Sherzod et de son frère qui nous ont invité à partager leur déjeuner sur un restaurant d’autoroute.


Une alimentation simple et basique : 2 assiettes de poulet, une bouteille de vodka, une assiette de légumes, une autre bouteille de vodka, du pain, une nouvelle bouteille de vodka, et une bouteille de coca pour faire passer le goût.

Une discussion intense et profonde : comment sont les françaises physiquement.


Un très beau moment de partage et de convivialité, après avoir refusé leur invitation pour dormir chez eux avec pourtant l’assurance de n’être pas dérangé par les femmes et la présence de nombreux liquides à caractère nocif, nous repartons très très sereinement sur nos vélos sous 35 degrés. Hips.


Une fois à Samarcande, nous sommes une nouvelle fois dans une auberge. Les étrangers ont l’obligation de séjourner une fois tous les 3 jours dans un hôtel, ce qui leur donne droit à un reçu, que nous montrerons plus tard à la frontière. Samarcande est une ancienne ville phare de la route de la soie, architecture magnifique, immenses mosquées. L’entrée est payante sur chaque site, ce qui fait qu’on les regarde de loin, les rendant encore plus beaux.


A la sortie de la ville, je teste la résistance de mon vélo et de mon corps en glissant sur des rails provoquant un saut gracieux de mes 2m sur le béton ouzbek devant le public conquis d’une camionnette.


Nous arrivons à Bukhara 2 jours plus tard, autre ville importante de la route de la soie. Il s’agit de la plus belle ville depuis le début de notre voyage : châteaux, anciens caravansérails, souks sont très bien conservés dans la « vieille ville ».


Après la messe le dimanche matin, le padre Sergueï nous emmène dans une supérette pour nous offrir de la nourriture pour les jours à venir. Nous repartons avec 4 sacs de bouffe. Merci Serge !


Après cette dernière pause à Bukhara, nous partons pour deux semaines de désert.


Désert : vaste espace, horizon lointain, pouvant être composé de dunes de sables mais aussi d’une légère végétation, population inexistante, trafic fluide, vent agressif et toujours de face.


Nous avons eu la surprise de perdre plus de 30 degrés en quelques jours, 35 degrés le mercredi, -2 degrés cinq jours plus tard. Nous avons eu également la joie de voir un scorpion sur le sac de Nicolas au réveil, belle rencontre mais que l’on a écourté très rapidement. Désormais rôdés sur l’exercice de ravitaillement d’eau, nous passons à un autre niveau en arrêtant les voitures pour leur demander de la nourriture, les épiceries ne sont pas forcément nombreuses dans le désert... Pain, melon, pommes, atterrissent dans nos sacoches pour notre plus grand bonheur.


Traversant une ville sortie de nul part du désert, nous nous faisons héberger par Attaniaz, maçon ouzbek, qui nous a demandé toutes les questions techniques pour un voyage en France. En partant, il nous a recommandé d’aller à un restaurant dont le gérant est un de ses amis. 2 jours plus tard, nous faisons une pause complètement par hasard devant ce même restaurant. Après avoir expliqué que nous venions de la part de ce cher Attaniaz, nous nous voyons offrir un repas. Incroyable.


Entre temps, nous avons fait la rencontre de Dabron, qui, nous ayant vu assis devant un restaurant en attente d’un généreux bienfaiteur, a


largement répondu à nos attentes en nous invitant à déjeuner. Bière, vodka, jus de grenade, riz et nous voilà repartis rassasiés sur nos vélos. Hips. Les ouzbeks remplacent véritablement l’eau par de la vodka.


Le soir même, après avoir commencé à s’installer à côté d’un champ de coton, un agriculteur ouzbek nous propose de venir dormir chez lui pour ne pas avoir froid la nuit. Nous nous faisons réveiller vers 21h (oui on se couche tôt) par Sultan, son fils, qui nous apporte notre diner dans notre chambre. Après avoir démonté le petit déjeuner, fidèles à notre habitude, nous repartons en direction de notre nouveau copain, le désert.


A l’approche de la frontière kazakhe, le vent décide de nous ralentir, on tombe à 7km/h, on décider de s’arrêter dans un restaurant/hôtel où la gérante, se rendant compte de notre situation précaire, nous offre un repas, ainsi qu’une chambre avec une douche (élément non négligeable). Extraordinaire.


Le lendemain, le vent soufflant encore plus fort que la veille et la route étant inexistante, nous faisons du stop jusqu’à la frontière. Un type louche nous avance de 80kms. Oui, il louchait.

Le passage de la frontière prend 20min, être étranger et à vélo nous permet de passer devant tout le monde, bien pratique !


Arrivés en début de soirée à la première ville kazakhe depuis la frontière, nous tentons de négocier un logement gratuit avec un hôtel. Tentative ratée, nous décidons de sortir de la ville pour planter notre tente, dernier arrêt dans une épicerie pour un coup de poker à l’arrache. Je demande au premier ouzbek que je croise un endroit où dormir, 10 min plus tard nous sommes chez lui en train de s’installer. Ahurissant !


Dès le lendemain, nous sommes de retour dans le désert, kazakh cette fois, mais toujours avec le vent de face. En demandant de l’eau sur la route,


une voiture s’arrête et nous offre 2 plateaux repas pour notre déjeuner. Et nous voilà tous les deux en train de déguster de la viande, des pâtes, du riz en plein désert, manquerait plus qu’une bouteille de vodka. Improbable !



Après 10 jours dans le désert, on décide d’accélérer pour arriver à Aktau. Conséquence : 470 kms en 3 jours avec un record à 185 bornes. Une performance solide tant sur le plan technique que tactique. 3000 kms en un peu moins d’un mois.


Nous en sommes désormais à la moitié de notre voyage. Vietnam, Chine, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan c’est fini.


5700kms au compteur, des paysages magnifiques, des rencontres inoubliables, des autoroutes insensées, des routes pourries, des montagnes, des déserts, du soleil, du vent, du froid, de la pluie, du sable, des camions tarés, des policiers tarés, des yaks tarés, des chameaux cons, du lait fermenté de jument, du saké, de la bière, de la vodka, Nicolas le matin, Nicolas l’après midi, Nicolas le soir, Nicolas la nuit, et seulement deux vélos...


Bref, une fresque monumentale, deux acteurs héroïques et ce n’est que la moitié de l’aventure...


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