Partis de Erevan, nous remontons vers le nord en Géorgie pour traverser la frontière turque, les arméniens et les turcs n’étant pas très friendly en ce moment... Ayant encore dans la tête le musée du génocide, nous n’étions pas tout à fait dans la joie de rencontrer ce 9ème peuple depuis le début de notre voyage.
Impression qui s’est volatilisée au bout d’une heure de vélo, Nicolas s’étant arrêté à la vue de deux camionneurs prenant leur petit déjeuner, non sans arrière pensée de finir toutes leurs victuailles il est vrai. Chose faite après 30 min. Un des chauffeurs en question avait même déjà roulé en France et avait une certaine conception de la population de couleur noire : « Black people, big problem in France... »
Le soir même, après s’être rendu compte, une fois encore, que nous n’étions pas équipés contre le froid des montagnes, nous nous retrouvons dans une colloque d’étudiants. Baba, notre hôte, complètement taré, attirée par la gente féminine de manière excessive, nous fait danser devant son copain, muezzin de la ville, sorte de séminariste local...
Les visages changent, les mosquées défilent sous nos yeux, le thé remplace la vodka à notre grande déception. Un villageois rencontré sur la route nous défend de planter la tente dans les montagnes : « il y a des loups et des ours qui se baladent... » Après les serpents, les scorpions, les chiens mutants, voilà nos amis les ours.
Après avoir grimpé le dernier col de notre voyage à 2100m (censé être le dernier...), nous plantons notre tente à côté d’une boulangerie d’un petit village et nous faisons réveiller par l’appel à la prière du muezzin, la tente étant à 50m de la mosquée.
Nos vélos commencent à être fatigués, les crevaisons se font de plus en nombreuses, les sacoches grincent malgré la qualité de l’asphalte turque, et nos esprits se dirigent petit à petit vers Paris et notre arrivée.
Dans un mois, nous sommes en France, il reste encore 3500kms certes, mais nous voyons la fin de notre année qui s’approche à grande vitesse...
Année unique, inoubliable, extraordinaire qui nous aura marqué, transformé, et fait grandir, du moins on l’espère. Le retour en France sera loin d’être facile, savoir parler et faire comprendre ce qu’on aura vécu s’annonce une tâche ardue.
« Savoir rester soi même avec des personnes qui n’auront pas vécu la même chose ». Beau défi en vue : faire fructifier tout ce que l’on aura appris sans être dans le jugement et la critique...
Nul doute que vous serez là pour nous aider...