C’est depuis Erevan, capitale de l’Arménie, que nous vous donnons quelques nouvelles de nos mollets gonflés par un effort qui a commencé il y a presque 4 mois. Oui désormais nous sommes supers musclés !
Bien content de faire une pause après notre traversée, un peu pénible mais épique, des déserts d’Asie centrale, on embarque sur le bateau qui nous déposera à Baku, capitale de l’Azerbaïdjan. Mais « comme prévu » est une expression qui n’existe pas dans ces pays, le bateau nous déposera 70km plus au sud, partira à une heure indéterminée et mettra peut-être 3 jours au lieu de 20 heures. Heureusement pour nous tout s’est bien passé et le douanier (alias Mister Bean) tamponne nos passeports à minuit pile pour nous laisser entrer dans son pays.
Sans le savoir, Mister bean vient de marquer une étape du voyage. L’Asie mineure est bien différente car déjà on ne voit plus aucun visage bridé. Ensuite les paysages sont plus variés et le climat plus chaud. Puis les gens sont moins tarés sur la route.... Mais leur folie s’est transférée chez leurs chiens. Une seule chose ne change pas : le vent se fout complètement de notre gueule !
A Baku, on en profite tout de même pour visiter la vieille ville et tenter de trouver du matos de rechange. Mais à part du pétrole et des kebabs il n’y a rien. Le pays s’est largement enrichi grâce à l’or noir et la capitale fait totalement neuve et très bling bling. On se croirait en plein Paris sur fond de mer Caspienne, les plateformes pétrolières au loin ; c’est charmant !
De nouveau, c’est le saut dans l’inconnu d’une nouvelle étape du voyage. Elle commence par des cols inattendus sur de vieux volcans. Le temps est pluvieux et la remise en route un peu lente. On commence à avoir quelques ennuis mécaniques. Nos deux pneus arrières sont vraiment morts. C’est donc l’occasion d’en acheter un nouveau pour moi à Ganja (Azerbaïdjan) où je me suis même vu refuser l’entrée dans un banal supermarché. Allez savoir pourquoi le videur m’a trouvé trop crade... Le look clochard jésuite ne convenant pas à l’ambiance si feutré d’un centre commercial, j’ai eu droit aux plus plates excuses de la big boss. Après tout, tant qu’Arthur supporte je n’ai aucune raison de me laver.
Concentrés sur les problèmes on ne voit pas grand chose des paysages mais bien plus de nouveaux visages. Après la descente d’un col, des bergers
nous arrêtent au bord de la route et nous invitent assez rapidement à dormir. Ils nous logent, au chaud, dans une salle de classe. Devenus l’attraction du village sur le chemin de l’école ils nous font tous ce signe bien connu de la pichenette dans le cou. Une manière subtile de nous indiquer qu’ils sont chauds pour boire de la vodka ! Urfan, notre voisin de classe, nous apporte le dîner ainsi que le liquide pour la soirée. Puis, tout est oublié !
Le lendemain, Urfan nous surcharge de sacs dans lesquelles du pain, des pommes, des trolls, du fromage, des grenades, des trolls, des grenades et des trolls. Il est tellement sympa que le poids à l’arrière est presque doublé et il y a de la viande dans les fruits... #vers=chiasse
Quelques jours plus tard nous arrivons à Tbilissi. Ces quelques jours dans la capitale géorgienne seront riches en rencontres avec des français. Dés notre arrivée, nous sommes attendus chez Mathilde, qui nous ouvre les portes de son hôtel ! Puis pensant repartir tranquillement vers l’Arménie après une journée de pause, on s’arrête tout de suite en apprenant l’arrivée de 3 jeunes fous.
Niels, Baptiste et Augustin voyagent en side-car dans le sens inverse, depuis Paris jusqu’à Saigon ! Partis il y a un mois, pour eux c’est encore le début d’une fantastique aventure. L’un après l’autre ils nous racontent leurs péripéties en Croatie, Grèce, Bulgarie, Géorgie et les magnifiques rencontres en Turquie. En échange de leurs aventures nous parlons des nôtres, mais petit à petit on commence à réaliser une chose. La route européenne se précise de plus en plus et avec elle l’arrivée en France. Effectivement, à deux mois de la fin de l’année notre aventure ne va pas tarder à se terminer. Le retour se fait sentir autrement que dans les cuisses. Il monte lentement au cerveau se faisant de plus en plus présent dans notre esprit.
Pourtant la route est encore très longue et la reprendre pour aller vers l’Arménie n’est vraiment pas simple. Un peu au fond du trou, ce sont les arméniens qui viennent nous remonter le moral ! Si le liquide est toujours le même, les personnes sont bien différentes.
On décide de planter la tente 5 kilomètres après la frontière en demandant dans un village. A l’entrée du patelin 4 hommes heureux glandent devant les restes du brasier de la déchetterie. Pour nous, ils sont des cibles de choix. Alors on s’avance vers eux armés de nos plus beaux sourires. Sans rien demander et ne faisant que raconter notre histoire les gars nous invitent pour le thé, puis le dîner, puis la vodka, puis le dessert et re-vodka. Ils fêtent les 40 jours après la m
ort d’un mec du village. A gauche d’Arthur : Carlos ! Grand et fort c’est lui qui challenge sur la vodka. En face de moi Gabriel, le philosophe, astronome, linguiste... bref l’intellectuel. Difficile de se souvenir de tout. Mais je me rappelle bien de lui m’expliquant comment dire santé en arménien et de deux autres gars titubant montant sur une échelle.
En repartant le lendemain, la route n’est pas simple ; les jours suivants non plus d’ailleurs. On avance en altitude creusant notre chemin entre deux falaises magnifiques. C’est alors que nous voyons apparaître beaucoup plus de chiens. Petit à petit ils sont plus grands, plus gros, plus agressifs, plus nombreux. Avec seulement nos pieds et un déodorant pour défense, l’un d’eux finira par planter ses gencives dans une sacoche d’Arthur, le faisant valser. Mais Arthur est grand et vaillant il va bien !
Complètement en retard, on décide de prendre un camion. Aram, un arménien fou, nous aide. Le gars se comporte comme un politique en campagne électorale. Il sert la main de chaque personne qu’il croise, interpelle, gueule en pleine rue, s’arrache les cheveux devant les hommes réticents à nous aider. Finalement, il se plante au milieu de la route comme un furieux et arrête tout ce qui bouge. Merci Aram.
La route nous fait passer par le lac Sevan. Moment magique d’une nuit étoilée au bord de l’eau puis d’un réveil sur fond de montagnes enneigées. En évitant de peu le vent de face et encore quelques chiens, on arrive enfin à Erevan.
Notre arrivée dans la capitale fait prendre conscience de ce qu’est réellement ce pays. L’Arménie à une histoire et un peuple bien plus grand que sa superficie actuelle. Quiconque passe dans cette ville ne peut rester indifférent à cette partie de l’histoire où ils ont été massacrés. D’ailleurs ils en parlent d’eux même assez rapidement.
Bref, une partie du voyage intense en émotions dans un temps de chien. Même si les éléments ne sont pas toujours avec nous, on continue tranquillement notre route vers Paris.
Et à la fin on ira boire une bonne pinte pour fêter ça !